Mais plutôt que de tout attendre des autres, j’ai compris, un jour, que je pouvais, moi, faire l’effort d’aller vers les autres.

 

   Déjà enfant, aussi loin que je m’en souvienne, j’ai ressenti très fort la solitude. Ce sentiment pesant et douloureux m’a poursuivi tout au long de mon adolescence, puis dans ma vie de jeune adulte. Avec des manques très pénibles : sentiment d’être seul au monde, sans quelqu’un qui me comprenne vraiment, impression de n’intéresser personne, de n’avoir de valeur pour personne, de ne pas être utile, de ne pas avoir d’ami(e) intime… 


   Avec les années, mon regard sur moi-même a changé, et sur les autres aussi. Aujourd’hui il m’arrive toujours encore d’être envahi par un sentiment de solitude.  Mais il dure moins longtemps, et est bien moins douloureux. Ce qui a surtout changé, c’est que j’ai compris comment en venir à bout quand ce sentiment tombe sur moi. Je pourrais le résumer en deux points :  

1 – J’ai compris au fil des années que Dieu avait un réel amour pour moi, que j’étais important pour Lui, que j’avais de la valeur pour Lui.  Avoir du prix pour le Créateur de l’univers, quelle chose extraordinaire ! capable de chasser tout sentiment négatif de « n’intéresser personne ». Alors, quand je me sens trop seul, je lève mes yeux vers Dieu et je lui dis « Merci d’être là ».  Parce que sa promesse qu’il a faite autrefois à Josué m’accompagne, moi aussi, tous les jours de ma vie : « je serai avec toi : je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point ». 


 2 – J’ai réalisé aussi que mon attitude face à la solitude n’était pas la bonne. Attitude nombriliste et passive, attendant de recevoir des autres, attendant que quelqu’un vienne me sortir de mon isolement ou vienne l’habiter. Mes pensées (amères !) ont longtemps été celles-ci : « Personne ne vient vers moi pour me sortir de ma solitude ».  Mais plutôt que de tout attendre des autres, j’ai compris, un jour, que je pouvais, moi, faire l’effort d’aller vers les autres. Ce n’est pas si difficile que cela. Et c’est infiniment gratifiant ! Aimer l’autre, c’est-à-dire aller vers lui avec des projets bienveillants, prendre le risque de me découvrir devant lui, cesser les échappatoires (me réfugier dans la nourriture, les addictions, les divertissements, la lecture etc.), accepter parfois de donner sans même recevoir en retour. Voilà d’excellents remèdes anti-solitude…  


Finalement la souffrance de la solitude a eu des résultats positifs dans ma vie. Elle m’a conduit à rechercher une vraie relation avec Dieu et avec l’autre.  Et quand je me sens seul, je me dis aujourd’hui : « Hé ho Jean-Philippe, remue-toi ! … vers quelle personne qui se sent seule pourrais-tu aller aujourd’hui ? » 😉 


  Jean-Philippe, 67 ans, Alsace